Brusadelli

Nicolas

Maître de conférence

Citadelle d'Amiens, rue des Français libre

Thèmes de recherche

Thèse : Aux frontières du politique. Positions, pratiques et politisation dans l’espace de l’éducation populaire.
La thèse cherche à saisir l’univers de l’« éducation populaire » au regard de ses rapports avec le champ politique. Elle s’appuie pour ce faire sur une enquête de plusieurs années, dans les différents espaces où évoluent les cadres dirigeants des principales organisations d’éducation populaire. L’enquête, qui a suivi une logique ethnographique, s’est déployée depuis un Comité régional des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Crajep). Elle mobilise à la fois des observations in situ, des passations de questionnaires (n=456), la constitution de bases de données, des entretiens semi-directifs (n=51) et des analyses de contenus.
La première partie de la thèse est socio-historique. Elle reconstitue la genèse puis les métamorphoses de l’espace de l’éducation populaire, de la fin du 19ème siècle à nos jours, en montrant que cette sphère spécifique d’activités se constitue et s’institutionnalise « à l’orée » du champ politique. Elle s’appuie sur la littérature existante mais aussi sur des données originales, relatives aux évolutions récentes des principales organisations ou aux tentatives contemporaines de « repolitiser » l’éducation populaire.
La seconde partie de la thèse se concentre plus spécifiquement sur le rapport au politique des  principales organisations laïques de l’éducation populaire (Céméa, Ligue de l’enseignement, Francas). En explorant statistiquement la morphologie de ces organisations, en s’intéressant aux propriétés sociales et aux opinions de leurs différentes catégories de salariés, elle montre que la compétence politique y fait figure, pour les cadres, de compétence professionnelle spécifique. Elle éclaire en outre, grâce aux matériaux issus d’une campagne d’entretiens, les origines de cette compétence, par l’examen des trajectoires sociales, socio-professionnelles et militantes des cadres laïques.
La troisième partie de la thèse porte sur une configuration locale de l’éducation populaire, traversée de conflits relatifs aux formes légitimes de l’activité. Elle montre que l’opposition entre « militantisme » et « gestion » y fait figure de schème partagé, permettant à la fois d’asseoir l’unité des cadres de l’éducation populaire et de hiérarchiser les fonctions et les tâches professionnelles. Elle analyse également la manière dont ce schème est mobilisé en pratique dans le cadre de luttes d’organisations et de luttes générationnelles, de façon à mettre en lumière l’une des dynamiques de changement propres à l’espace de l’éducation populaire.
La dernière partie de la thèse s’intéresse aux formes de socialisation politique et militante institutionnalisée dans l’éducation populaire, en examinant tour à tour trois types de pratiques quotidiennes : les « technologies participatives » qui constituent, dans le domaine de l’action collective et éducative, l’héritage commun des différents groupes ; les pratiques d’éducation « à la citoyenneté » que déploient aujourd’hui les organisations laïques ; les pratiques de « conscientisation » caractéristiques des milieux de « l’éducation populaire politique ». Elle s’interroge sur les processus ambivalents de politisation que permettent ces pratiques et ces dispositifs de formations, tout en cherchant à identifier ce qu’ils révèlent de l’ethos et des dispositions des cadres de l’éducation populaire.

Activités / CV

Articles dans des revues scientifiques

« L’éducation populaire politique : un projet d’action culturelle », Pratiques de formation / Analyses [en ligne], 68 | 2024, mis en ligne le 1er mars 2024, URL : https://www.pratiquesdeformation.fr/548.

« Faire participer les jeunes. La contribution de l’éducation populaire à la socialisation militante juvénile », Revue française de pédagogie, n°215 (« Éducations militantes, formations au militantisme »), décembre 2022, pp. 45-56.

« Réformer le militantisme, relancer le mouvement climat. Sur la genèse d’Alternatiba » (avec Yannick Martell), Actes de la recherche en sciences sociales, n°242 (Varia), juin 2022, pp. 4-21.

« Politiser sa trajectoire, démocratiser les savoirs. La fabrique des « conférenciers gesticulants »», Agora / Débats Jeunesse, n°76 (« Éducation populaire : politisation et pratiques d’émancipation »), 2017, pp. 93-106.

« Réinventer l’animation par l’éducation populaire ? Quand le travail social se politise », Savoir/Agir, n°43 (« Travail social, travail politique ? »), 2018, pp. 51-61.

« L’espace contemporain des « alternatives », un révélateur des recompositions des classes moyennes ? » (avec Marie Lemay et Yannick Martell), Savoir/Agir n°38 (« Des alternatives à géométrie variable »), 2016, pp. 13-20.

« Les indicateurs de « performance » universitaire, outils statistiques de privatisation de l’excellence », (avec Frédéric Lebaron) Savoir/Agir n°22, 4/2012, pp. 97-104.

Chapitres d'ouvrages

« Face à la catastrophe, comprendre le monde. L’éducation populaire à l’aube du 21ème siècle », dans J.L. Guichet et A. Maillard (dir.), Les utopies éducatives : d’hier à aujourd’hui, Presses d’Artois, 2021.

« L’éducation populaire en pratiques », dans L. Besse, E. de Lescure, E. Porte (coord.), La Fabrique de l’éducation populaire et de l’animation, INJEP Notes et rapports / Rapport d’étude, p. 103-118, 2021.

« Représenter la « société civile » étudiante. Les luttes de classes dans l’université française en 2009 », dans C. Bouneau et N. Patin (dir.), La société civile organisée contre l’État, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Pessac, 2020, pp. 139-163.

« Les « villages des alternatives ». Formes d’engagement en tension dans les classes moyennes salariées » (avec Yannick Martell), dans Higelé J.P. et Jacquot L. (dir.), Figures de l’engagement. Objets, formes, trajectoires, Presses universitaires de Nancy, collection Salariat et transformations sociales, 2017, pp. 157-176

« Cadres d’injustice et répertoire d’action étudiant – Retour sur l’expérience protestataire récente dans l’Université française », dans C. Bouneau et J.P. Callède (dir.), Figures de l’engagement des jeunes, continuités et ruptures dans les constructions générationnelles, Éditions de la MSHA, Bordeaux, 2015, pp. 403-416.

Autres articles

« La centralité paradoxale des « méthodes » de l’éducation populaire », Les Cahiers de l’Action, n°61, 2023/2, pp. 66-73.

« L’intervention sociale : entre éducation populaire, organizing et approches intersectionnelles ? Retour sur une expérimentation » (avec Kelly Poulet et Aline Dequervel), Le Sociographe, n°66, 2019/2, pp. 75-88.

Comptes-rendus de lectures et notes critiques

Francis Lebon et Emmanuel de Lescure (dir.), L’éducation populaire au tournant du XXIe siècle, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2016. Dans Espaces et Sociétés, n°176-177, 2019/1-2, pp. 173-176.

Collectif du 9 aout, Quand ils ont fermé l’usine. Lutter contre la délocalisation dans une économie mondialisée, Marseille, Agone, « L’ordre des choses, » 2017. Dans Le Mouvement Social, n°265, 2018/4, pp. 163-166.

Rapports de recherche ou d'étude

« L’éducation populaire en Picardie : constats et enjeux ». Réalisation d’une enquête par entretiens et constitutions d’une base de données socio-économiques. Chargé de recherche CRAJEP/CURAPP-ESS, février 2014.

« Les chiffres clefs de la jeunesse en Picardie ». Réalisation d’une plaquette de cadrage statistique. Chargé de recherche CRAJEP/DRJSCS Picardie, février 2013.

 « Les trajectoires des jeunes diplômés BAPAAT et BPJEPS suivis par les missions locales de Picardie ». Enquête par entretiens et questionnaires en vue d’une analyse de trajectoires. Chargé d’étude DRJSCS Picardie/ARIFEP, partenariat CURAPP-ESS, février 2012.

Rapport du projet régional « construction et usages sociaux des indicateurs sociaux : pauvreté et inégalités » (avec l’équipe du BIPP), enquête qualitative et quantitative sur les inégalités sociales et leur évolution dans le cadre d’une comparaison France-Picardie , Chargé d’étude UPJV/CURAPP-ESS,  avril à juin 2011.

« Les indicateurs de performance sociale des Universités françaises ». Constitution et analyse d’une base de données dans une démarche de contre-expertise des critères d’évaluation des universités. Chargé d’étude UPJV/CURAPP-ESS, octobre à décembre 2010, Fonds IUF.